Me, myself and I, est le troisième volet du triptyque commencé par Inventaires des corps mouvementés, suivi de One + One. Ces trois pièces interrogent le singulier et le collectif : l’individu comme sujet d’observation, son rapport à l’autre et au monde qui l’entoure. Elles questionnent l’empathie du spectateur, son rapport aux corps exposés, sa manière de régler son regard, son choix de se tenir à distance ou pas de ce qui est donné à voir.

 

Sur le plateau, trois danseurs nous font partager les évènements fondateurs inscrits dans leurs corps. Une mise en commun des ressemblances, dissemblances, des multiplicités, dans la quête d'avatars fantasmés.

Je convoque chez chaque artiste une démarche d'auto-investigation et de confrontation identitaire. Leur corporéité est au carrefour de deux histoires : personnelle et culturelle, chacun étant le produit très instable de ces deux histoires.

 

Etre là, extrêmement, profondément présent pour habiter son histoire. Comment être moi, ce que je montre, ce que je suis intimement, ce que je m'autorise à montrer, ce qui m'échappe. Qu'est ce que j'ai à offrir ? Malgré moi ? Comment rendre compte du lien qui peut se perdre entre l'idéal et l'image donnée à voir, entre la perception d'une intimité et celle d'une identité éphémère produite sur scène.

« Sois toi-même » dit-on dans les livres en vogue de développement personnel; mais alors le collectif ne deviendrait il pas la somme de ces égos forma- tés s’ignorant les uns des autres, d’ individus isolés dans leur petit univers clos ? Je préfère envisager un monde de solidarités où chacun a la possibilité de se transformer, où le besoin de reliance est essentiel.

Quand le Je devient le Nous.

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Christine Fricker