Notre confinement continue, nous sentons bien que nous serons parmi les derniers à réintégrer notre lieu de travail. Quel sentiment étrange de ne pas produire quelque chose, de ne pas partager une idée, une consigne, un savoir, une expérience sensorielle…
Les initiatives artistiques de confiné-es se multiplient et confirment notre faculté à nous adapter, à faire avec ce qu’il advient, à faire preuve d’inventivité pour combler le vide. Continuer à créer du lien plutôt que des biens. Je voulais pour cette Newsletter de mai, vierge de toute actualité, interroger les artistes qui m’accompagnent sur leurs ressentis, les inviter à partager, malgré tout, un élan créatif, en toute simplicité.
Nous sommes déterminé-es à trouver comment faire notre métier sans prendre ou faire prendre de risques, à faire preuve de solidarité avec d’autres équipes artistiques, éducatives et sociales
Mettre l’humain au coeur des projets est dans l’ADN de la compagnie depuis les débuts et prend de plus en plus sens aujourd’hui.
Christine Fricker
A force de sacrifier l’essentiel pour l’urgence, on finit par oublier l’urgence de l’essentiel Edgar Morin
Christine Fricker
Continuons malgré tout et à distance à créer du lien, mes premiers projets participatifs ont commencé en 2008 avec "Inventaires des corps mouvementés" et il y a encore plus de sens, aujourd’hui pour moi, à continuer à collecter vos danses singulières et « à faire équipe ».
Appel à contribution
Le Score du confinement
Contribuer en vidéo ou en photo :
Soit se filmer en format paysage et en commençant l’installation par un livre et finir par un livre montré à la caméra, soit prendre une photo de son installation. Nous aimerions faire une compilation des propositions et diffuser le montage en préambule de la création Collective Works pièce pour 4 danseurs, dont les premières auront lieu les 15 et 16 octobre 2020 à Klap pour Question de danse. Merci de participer à une proposition collective qui a le désir de créer du lien même et surtout à distance.
Les consignes pour se filmer :
Filmer en format paysage.
Etre dans la coopération, faire des choix concertés. En lien avec les tasks d’Anna Halprin, figure tutélaire du courant de la Post Modern Dance américaine et sa philosophie du lien entre l’Art et la Vie qui m’accompagne depuis plusieurs années.
Choisir une douzaine d’objets du quotidien, les rassembler dans un espace.
Imaginer une installation comprenant les objets positionnés dans un dessin précis et les positions des performers ( allongé, assis, debout).
Décider d’un rythme et d’une manière de se faire passer les objets et de les déposer.
Montrer un livre à la caméra en début et en fin de l'improvisation pour créer du lien avec une autre proposition qui commencera aussi par un livre.
Durant la performance être conscient de chaque geste, chaque changement de niveaux, être très attentif au « Comment » et inter réagir avec ses partenaires de jeu.
Simon Gillet
Coupé du bel élan dansé de ce début d’année,
Plus d’énergie de groupe, plus d’entraînements, plus de vibrations communes, plus de regards complices, de transpirations mêlées,
Le corps s’est raidi au service de…, je bricole, je construis, besoin de voir des choses concrètes s’ériger.
Ce n’est pas le jour sans fin, c’est aussi très familial,
C’est volontairement très au présent pour ne pas se faire rattraper par les inquiétudes,
qui viennent malgré tout (et finalement heureusement) me font réfléchir,
On sent le temps, et au fond,
Les désirs qui animent mon métier remontent parfois avec violence,
Impatience à retrouver le temps du partage,
Des ressentis, des sensations, du sensible ;
Sentir un même espace partagé par les présences, vibrations, énergies ;
Chercher dans l’intériorité pour donner à voir.
Envie de revenir vers vous,
Après avoir vécu ce confinement commun,
Danser au présent. En questionnant nos peurs, nos raideurs, nos distances.
Réinvestir nos espaces communs.
Retrouver des rêves.
Ouvrir.
Danser chez, avec…
Danser sur les places.
Aller chercher une danse, celle de la libération.
Anthony Deroche
Jonas Julliand
Yendi Nammour
Jessy Coste, Antoine Mahaut
et leurs filles
Jérôme Beaufils
La fenêtre sur rue
Quiconque vit abandonné et voudrait cependant, çà ou là, lier quelque relation, quiconque, en face des changements que lui imposent les heures, les saisons, le métier ou toutes autres circonstances, veut trouver un bras, un bras quelconque auquel se tenir – celui-là ne pourra pas se passer longtemps d'une fenêtre sur rue.
Et même s'il en est au point de ne plus rien chercher, même s'il n'est plus qu'un vieil homme recru de fatigue qui s'appuie à sa fenêtre et promène ses yeux entre le public et le ciel, la tête un peu rejetée en arrière, sans plus rien vouloir, les chevaux l'entraîneront cependant dans leur cortège de voitures et de bruit, pour le replonger enfin dans le concert des hommes.
Franz Kafka "La fenêtre sur rue" in "La Métamorphose et autres récits" Trad: Claude David
Aude Cartoux et Yoann Boyer
Julia Poggi
Photo Jean Claude Sanchez
Blowing the Lines, a été composé et arrangé entre le mois de Février et le mois d'avril 2020 par Ian Harris, Julia Poggi et Ing au studio Onde Source à Marseille. L'écriture de ce titre évoquait la figure d'un monstre détruisant tout sur son passage, la révolte d'un peuple, du désespoir de l'humanité jusqu'à son soulèvement. un titre insurrectionnel pour signer la sortie de confinement du groupe SWIM. Ecouter
Eléonore Evrard
Chargé de diffusion de la cie Itinerrances
Tous les soirs nous prenons plaisir à nous connecter à la playlist des 10mn du Peuple, que nous sommes des milliers à suivre sur FB. Danser à la fenêtre à 19h30 est devenu un rituel de ce confinement, un Rendez-vous incontournable. Et quelle joie de se retrouver sur Zoom à quelques occasions, pour se voir et danser ensemble. Gratitude pour les 10mn du Peuple et pour le confinement. Espérant que, comme pour nous, votre confinement est joyeux et créatif !
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